Je me demandais si j'écrivais un récit du Sky Marathon de l'ultra-trail du Mont Albert (UTMA) cette année. Au nombre de fois où je me suis fait dire comment les gens avaient apprécié mon récit de l'an dernier, dans la préparation de leur course, je me suis dit que ça valait peut-être la peine d'en écrire un autre cette année. Le parcours est le même mais l'expérience est toujours différente.

Je retournais courir à l'UTMA parce qu'Edith avait dû remettre son départ, l'an dernier, en raison d'une blessure. J'y retournais également parce que le paysage est splendide. Cette course semble porter malheur à Edith car elle s'est fait une entorse sévère à la cheville trois semaines avant la date fatidique. L'avantage d'être physiothérapeute et d'avoir un mari ostéopathe, c'est qu'on a tout fait pour faciliter la guérison de la blessure. Edith n'était pas à 100% mais avec un bon taping, elle a pu prendre le départ. Ce n'est pas le terrain le plus facile mais elle a très bien géré ça.

Mon objectif pour cette année était qu'Edith puisse compléter la course sous la barrière horaire et qu'on ait du plaisir. Elle était stressée et avait encore ce satané sentiment d'imposture la veille de la course. Mon défi était de gérer son état mental et de la pousser physiquement.

Nous sommes partis à l'arrière avec un rythme confortable et en marchant toutes les montées. Le premier 8km est peu technique mais a tout de même près de 500m de D+. On s'attaque ensuite au Mont Xalibu. Ça continue de monter mais c'est de plus en plus technique. Dès qu'on dépasse la ligne des arbres, le paysage est magnifique, mais le sentier se transforme en amas de roches. Et ça monte... environ 1000m sur les premiers 13km. Physiquement, Edith va bien mais je sens que le moral n'est pas à son meilleur.

Juste de l'autre côté du Mont Xalibu, on arrive sur un plateau où il y a plusieurs petits trottoirs de bois. Enfin une section courable. C'est ici que je suis passé devant Edith. Je lui ai dit: "Je vais te pousser mais je ne t'en demanderai pas plus que ce que je sais que tu peux me donner." Mon but était d'arriver au ravito de mi-parcours en cinq heures, soit la moitié du temps alloué (10h) pour faire la course. La montée du Mont Jacques-Cartier est vraiment difficile car il faut naviguer dans les roches instables. Nous arrivons au ravito en 5h01 ce qui me convient parfaitement. On remplit les gourdes et on repart quelques minutes plus tard. Edith part en lion sur la montée pendant que je filme un peu. Elle affiche un air déterminé, tout en admirant la beauté des paysages.

En redescendant le mont Jacques-Cartier, on croise notre ami Xavier qui court le 165km. Il est épuisé mais encore souriant. Il est affamé. Edith et moi lui laissons le reste de nos crêpes et de nos patates. Il a encore plus de 45km à parcourir. On continue et j'en profite pour prendre quelques photos. Après un selfie avec Edith, elle me dit que c'est la dernière photo. J'avoue que j'avais oublié le cutoff. Je passe devant et j'augmente la cadence. J'entends Edith, tout près, et je sais qu'elle travaille fort. Je sens que son moral commence à descendre. Après plus de 23 ans ensemble, elle n'a pas besoin de parler pour que je sache comme elle se sent. Après quelques calculs, je lui dit qu'on n'a pas besoin d'aller plus vite. En maintenant ce rythme, on pourra arriver dans les temps. Il y aura des sections plus lentes (roches) mais aussi des sections plus rapides. J'ai l'impression que ça lui enlève un peu de pression. Peu de temps après, on croise Jessy et Stéphane qui font le 165. Je n'ai jamais vu Jessy aussi fatiguée. Elle mentionne que ses pieds sont en compote. Stéphane a l'air frais comme une rose. Après un petit câlin, on repart. 

Sur le mont Xalibu, on croise Philippe, de la team Kraken, qui fait lui aussi le 165km. Habituellement, il déborde d'énergie mais là, il a l'air épuisé. Il me demande où est le mont Jacques-Cartier et quand je lui pointe, ça n'aide pas son moral. Il lui en reste encore très longtemps avant le fil d'arrivée. En tout, nous avons croisé une dizaine de coureurs du 165km. 

En descendant Xalibu, on accélère. La cheville d'Edith tient bon et elle me surprend en descente. Elle n'a pas de difficulté à suivre mon rythme. Nous dépassons plusieurs coureurs qui trouvent qu'on va un peu trop vite à ce stade de la course... hehe. En arrivant au dernier ravito, il nous reste deux heures pour parcourir les 8km les moins techniques du parcours. Je sais qu'on peut finir sans problème mais j'ai des craintes sur cette section car c'est là que j'ai flanché l'an dernier. J'ai compris pourquoi. Il y a encore de bonnes montées et ces 8km semblent interminables. La fatigue se fait sentir et Edith pourrait me dépasser dans la dernière section mais nous finissons ensemble, main dans la main, en 9h21. 

Je suis extrêmement fier d'Edith et super content pour elle qui attendait ce moment depuis un an. Elle doute toujours d'elle-même mais elle réussit toujours. Elle n'a pas encore d'autres courses au programme pour l'instant. Elle va prendre le temps de récupérer et on verra par la suite. 

UTMA 2017

Un peu fatigué mais heureux et fiers :)

De mon côté, j'étais beaucoup mieux entraîné que l'an dernier. J'ai couru 550 km et monté 20 000 mètres de plus que l'an dernier à la même date. Le rythme était aussi plus lent que l'an dernier. J'avais les jambes en compote à la fin mais je n'avais pas de difficulté à affronter les escaliers. La plus grosse différence était probablement l'absence (ou presque) de raideurs et d'inconforts le lendemain de la course. Mon entraînement a tout de même été compromis par les blessures lors du demi-marathon de la Fête des mères. Je ne suis pas encore remis complètement et ça m'inquiète pour le reste de la saison.

En ce moment, mes jambes vont bien mais j'ai appris à me méfier et à être prudent. Je prends donc la semaine pour récupérer et je reprendrai l'entraînement plus sérieusement la semaine prochaine ou la suivante selon mes sensations. Il y aura aussi nos vacances estivales en août. J'ai toujours plus de difficultés à m'entraîner quand nous sommes en voyage alors ce sera un défi supplémentaire cette année. En camping, je suis toujours le premier debout et les enfants aiment prendre ça relax le matin alors j'en profiterai pour glisser un entraînement à ce moment. 

Pour terminer, voici un vidéo de notre expérience à l'UTMA. Profitez-en pour vous abonner à notre chaîne YouTube. :)

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