J’avais l’habitude de parler de mes entraînements, dans le temps que je rédigeais régulièrement des articles de blogue. Le dernier doit remonter à 2018. Avec les courses qui approchent, je crois que ça vaut la peine de revenir un peu sur le sujet, surtout que ma forme physique et mes entraînements sont loin d’être optimaux.
Une année en dents de scie
L’année commence toujours avec de bonnes intentions. En plus, j’avais un objectif clair : Sawatch 50/50, à la fin de septembre (j’y reviendrai). J’ai même préparé un plan d’entraînement, quoique ce fut plus une ébauche qu’un plan détaillé. Après deux mois de repos et la (re)prise de quelques kilos, le retour fut graduel… un peu trop graduel.
Je ne me déroberai pas : je suis rendu douillet. Fini le temps où je raffolais courir l’hiver, même si j’adore encore les journées ensoleillées à -25°C, tant qu’il ne vente pas. Cependant, la météo n’est pas la seule responsable de ce départ un peu lent : ma blessure au bas du dos de 2023 me suit encore. Quand je rallongeais un peu trop ma longue course, la lombosciatalgie me rappelait à l’ordre. Graduellement, j’ai quand même pu augmenter le volume, et la course en sentier est beaucoup moins problématique que l’entraînement sur route.
La motivation n’était pas toujours au rendez-vous. Je ne me compare jamais aux autres, mais j’ai la fâcheuse manie de me comparer à mon ancien moi, surtout celui de 2017-2018, où j’étais au sommet de ma forme. Quand on a de la misère à faire en un mois ce que l’on faisait en une semaine, c’est dur sur le moral. J’espère quand même revenir à une forme physique comparable à un moment donné, mais le processus est beaucoup plus long que prévu.
Edith et Ellie au sommet du mont Giroux - août 2025
Le cercle vicieux
Tout a commencé avec le changement de carrière. Pendant mes études, la course-navette m’avait permis de rester en forme, mais à la fin de 2020, j’ai vraiment commencé à passer trop de temps assis devant un ordinateur. Avec le début de la maîtrise et le travail à la pige, je passais au moins 50-60 heures devant un écran (probablement plus). Même si l’ostéopathie n’est pas la profession la plus éprouvante, je changeais constamment de position. Depuis cinq ans, je passe le plus clair de mon temps assis, à traduire ou à réviser des textes.
Graduellement, j’ai repris du poids.Avant de me mettre à la course, en 2012, j’avais dépassé (de beaucoup) le chiffre “magique” des 200 livres. Au début de l’année, j’étais revenu à 190 livres, après avoir maintenu un poids entre 150 et 165 livres pendant 6 ou 7 ans.
Le cercle vicieux? C’est difficile de courir avec 30 livres de trop, mais c’est difficile de perdre du poids sans augmenter le volume d’activité. J’ai réduit mes portions, même fait du jeûne intermittent : aucun changement. Je me suis dit que mon niveau de cortisol élevé n’aidait sûrement pas. Pour faire court, le cortisol stimule l’appétit et favorise le stockage des graisses. On l’appelle souvent l’hormone du stress, et son effet est amplifié par le manque de sommeil, une mauvaise alimentation et l’inactivité physique. En début d’année, je vivais du stress au travail, et je dormais mal. Selon Edith, ça fait longtemps que je fais de l’apnée du sommeil, mais le surpoids aggrave le problème. Pour compliquer la situation davantage, le surpoids n’est pas idéal quand on souffre de douleurs lombaires, qui, soit dit en passant, stimulent la production de cortisol. Est-ce que le foutu cercle est assez vicieux à votre goût?
L’objectif est de sortir de ce cercle, et je tente différentes choses. Après une étude du sommeil, j’ai reçu une ordonnance pour un CPAP. Après presque un mois, je n’ai pas encore vu de différence, mais je persiste. La hausse du volume d’entraînement n’a pas eu d’effet sur mon poids. La prochaine étape sera probablement de consulter une nutritionniste au retour des vacances. Un bilan sanguin serait sûrement souhaitable, mais je suis sur la fameuse liste d’attente pour un médecin de famille depuis plus de cinq ans. Ma dernière prise de sang remonte à 2019. Je devrai probablement aller au privé.
Le corps se souvient
D+ en 2025
Même si mon plan d’entraînement a pris le bord, je tenais à faire deux bons blocs de D+ avant mes courses. La montée et la descente sont d’excellents exercices de renforcement. Le mois d’août s’est donc amorcé par des entraînements au mont Orford. En fait, ça résume complètement le mois d’août. Pour les sept premiers mois de l’année, j’ai fait environ 6000 mètres de D+. J’en ai fait autant dans les trois premières semaines d’août. Au total, un peu plus de 10000 mètres pour le mois. Le graphique fait peur.
Est-ce que je recommande ce type de progression? Non, du moins pas à tout le monde. C’est sûr que je partais avec la mentalité “ça passe ou ça casse”, mais en même temps, je connais mon corps. Dix ans d’ultramarathons apportent leur lot de modifications physiologiques, surtout dans les tissus mous. Comme on en jasait avec mon copain Yann au cours de la dernière fin de semaine : le corps se souvient. Il m’a tout de même servi un petit avertissement le week-end dernier, mais avec deux jours de repos, c’est déjà de l’histoire ancienne.
Edith est maintenant en phase d’affûtage, mais il me reste encore une grosse fin de semaine d’entraînement avant notre départ, mercredi prochain. Ensuite, deux semaines de randonnées et de camping en altitude devraient donner un bon coup de main avant de m’aligner sur la ligne de départ.
Notre copain Yann est venu nous donner un coup de main la dernière fin de semaine d’août
Sawatch 50/50
C’est en passant par la Sawatch Range lors de nos vacances, l’été dernier, que j’ai découvert par hasard ces deux courses. Le paysage est (évidemment) magnifique, alors je me suis dit que ce serait plaisant d’y courir. Au départ, on se disait qu’Edith en courrait une et moi l’autre, mais on avait peur de se chicaner sur qui ferait laquelle. Elle a donc décidé de faire le 80 km de Run Rabbit Run le 13 septembre. Deux semaines plus tard, je ferai deux courses : West Line Winder 50k, le samedi, et Sawatch Ascent 50k, le dimanche. Bien qu’elles soient dans la même région, ces deux courses ne sauraient être plus différentes. La première devrait être roulante, du côté est de la vallée, dans un paysage plutôt désertique. La seconde, du côté ouest, fait le tour du mont Antero, un des sommets de 14000 pieds du Colorado. En gros, ça monte pendant près de 30 km et ça redescend pendant les 20 derniers (à part la montée sur les deux derniers km).
Voici une petite vidéo de la seconde course pour vous donner le goût :
La partie n’est pas gagnée. Je sais que je n’ai pas la condition physique optimale (pour rester poli) pour terminer ces deux courses. Je me fie toutefois sur ma tête de cochon et sur l’espoir que mon corps se souviendra.